Le 14 janvier, le porte-parole du Gouvernement a annoncé un report de la Loi Grand âge et autonomie au nom de l’urgence sanitaire. Une décision qui provoque la colère des professionnels associatifs de l’aide, de l’accompagnement et des soins à domicile.
C’est par un communiqué commun que les quatre fédérations associatives de l’aide, de l’accompagnement et des soins à domicile (Adédom, ADMR, FNAAFP/CSF et UNA) s’alarment du report de cette réforme. « Marqueur social » de ce quinquennat, cette loi annoncée à l’origine pour l’automne 2019 et repoussée à plusieurs reprises depuis est très attendue par tout le secteur de l’accompagnement à domicile. Car, comme le rappellent les fédérations, de plus en plus de français souhaitent vieillir chez eux alors que déjà, la branche est dans l’impossibilité « d’honorer toutes les demandes d’accompagnement des personnes âgées ou en situation de handicap ».
Un secteur « en première ligne » face à l’urgence sanitaire
Le gouvernement souhaite concentrer ses efforts sur la gestion de la crise sanitaire tout en admettant que la crise « a mis en relief un peu plus encore » les besoins majeurs des professionnels de l’accompagnement à domicile. Mais les fédérations du domicile le rappellent aussi, elles ont joué un rôle essentiel dans la réponse à la crise sanitaire de la Covid-19 : elles ont parfois été le seul contact avec des personnes isolées et ont permis dans bien des cas, de diminuer l’engorgement des services hospitaliers au plus fort de la crise. Pour les fédérations, soutenir le secteur de l’accompagnement et des soins à domicile, lui donner les moyens pour répondre aux besoins de la population, c’est en partie répondre à la crise sanitaire. C’est aussi prévoir « l’après », un après déjà documenté à de maintes reprises.
Respecter les jalons du rapport El Khomri : l’impossible calendrier
Le dernier rapport présenté au gouvernement sur les métiers du grand âge présente en effet des mesures claires pour atteindre d’ici 2025 la soutenabilité des besoins de l’accompagnement des personnes âgées à domicile ou en institution. Madame El Khomri, sollicitée par le ministère des Solidarités et de la Santé, avançait en 2019 les objectifs suivants : l’ouverture de 18 500 postes par an sur la période 2020-2024 dans le secteur du grand âge, la formation de 70 520 personnes par an sur la même période, l’augmentation à 10% d’ici à 2025 de la part d’alternant parmi les diplômes d’aides-soignants et d’accompagnement éducatif et social (inférieur à 1% aujourd’hui).
Ces quelques objectifs chiffrés permettent de mesurer l’impact du report de cette réforme. Le plan de mobilisation nationale en faveur de l’attractivité des métiers du grand âge fixe des objectifs de formation et de création de postes dans une perspective quinquennale. Ainsi, dans l’éventualité d’une promulgation de la Loi Grand âge et autonomie fin 2021, mais en conservant un objectif de soutenabilité à fin 2024, le temps pour mettre en place ces mesures serait drastiquement réduit. C’est dans cette logique que les fédérations associatives ont demandé au cabinet du Premier ministre une mise en œuvre de la loi Grand-âge avant l’été 2021.