Portrait de diplômée : Comprendre le rôle du coordinateur du parcours de vie des personnes âgées à domicile

A l’occasion de la Journée Mondiale de la Santé 2021, entretien avec Sabine Giely, diplômée de notre formation de Coordinateur(trice) du parcours de vie des personnes âgées, et Anne Marcilhac, directrice de l’ITEV

Pourquoi avoir choisi le secteur de l’accompagnement des personnes âgées

Sabine Giely (SG) : J’ai toujours été très proche de ma grand-mère paternelle. J’ai toujours vu mon père prendre grand soin d’elle. J’ai très vite compris l’importance de l’attention à apporter à nos ainés et à leur prodiguer un accompagnement adapté et personnalisé. Le besoin des uns n’est pas forcément celui des autres. Pour moi c’était une évidence de pouvoir les accompagner pour bien vieillir et leurs permettre de rester chez eux le plus longtemps. Lors de la réalisation d’un stage dans le secteur de l’aide à domicile, je me suis rendue compte de l’importance de ce secteur en plein essor et des difficultés que les personnes âgées et /ou leurs aidants rencontraient pour mettre en place tout un dispositif d’accompagnement adapté et sécurisant à domicile. Ayant toujours aimé aider les gens et surtout les personnes âgées, pour moi c’était une évidence que de me lancer dans cette belle aventure.

Pourquoi vous êtes-vous spécialisée dans le domaine de la coordination du parcours de vie des personnes âgées fragiles à domicile ?

Sabine Giely lors de sa remise de diplôme en compagnie de Martine Laurent, Directrice Générale de Présence Verte Service et Jean Michel Verdier, Président de l’EPHE

SG : J’ai été dix-huit ans responsable de secteur dans l’aide à domicile, plus le temps passait et plus le temps consacré à la personne elle-même s’étiolait. Il était remplacé par de la gestion de personnel, de planning, de remplacement maladie, de recrutement. Petit à petit la personne aidée n’était plus au centre de la prise en charge, la mise en place se faisait par téléphone sans réelle évaluation au domicile. L’accompagnement était décousu et sans sens. Il n’y avait pas ou plus la notion d’équipe autour de la personne aidée. Les informations ne circulaient pas ou peu. C’est pour corriger tout cela que je me suis orientée vers la spécialisation de la coordination du parcours de vie des personnes âgées fragiles à domicile. Pour retrouver l’essence même de ce pourquoi je m’étais engagée dans cette voie. La coordination pour moi était la clé indispensable pour un bon accompagnement.

Quel est, selon vous, le rôle d’une coordinatrice de parcours de vie dans le maintien en bonne santé des personnes accompagnées ?

SG : Le rôle d’une coordinatrice est de créer du lien entre tous les intervenants à domicile pour réaliser l’accompagnement le plus personnalisé possible. Cela va être la personne référente des souhaits, des besoins de la personne aidée qui va permettre un accompagnement adapté. La coordinatrice va réaliser l’évaluation de situation de départ d’une prise en charge pour pouvoir faire de la prévention de perte d’autonomie. Par son suivi d’une prise en charge, ses préconisations et orientations, elle va permettre à la personne aidée de solutionner les difficultés rencontrées et dans l’idéal les anticiper pour les éviter. La coordinatrice va aussi faire le lien entre la personne aidée et les différents organismes comme le conseil départemental, les caisses de retraites, mutuelle, CAF et divers établissements de santé.

Anne Marcilhac (AM) : Les approches sociétale, transdisciplinaire et multi-acteurs que nous soutenons à l’ITEV, donnent toute sa place à la parole des personnes âgées et aux professionnels de la sphère médico-sociale. C’est à leurs côtés que nous avons identifié la coordination comme un enjeu majeur dans le secteur de l’aide à domicile. En effet, face à la complexification des parcours de vie, le maintien à domicile ne semble pas possible sans une forte coordination des acteurs sanitaires et sociaux intervenant auprès des personnes à domicile. A mon avis, le coordinateur(trice) doit être une interface et une réelle courroie de transmission entre le bénéficiaire, les familles et l’ensemble des acteurs de terrain.

Quelles sont les missions principales que vous exercez au sein de votre structure ?

SG : J’éffectue les visites à domicile de réévaluation annuelle, pour faire le meilleur repérage possible de perte d’autonomie. Ces visites permettent un repérage important des risques de chute qui sont les premières causes d’hospitalisation et de perte d’autonomie. Je facilite le lien entre les bénéficiaires et les différents services en interne pour répondre de façon plus précise à leurs besoins et attentes. Cela facilite le lien et la circulation d’information en externe. J’informe et j’oriente les personnes vers la prise en charge la plus adaptée à leurs besoins et situation. J’élabore des préconisations sur l’interventions de différents intervenants à domicile pour aider les personnes.

AM : Pour répondre aux missions principales de coordination, il est selon moi tout à fait nécessaire de connaître le public ciblé et d’acquérir une pratique professionnelle de terrain pour être en mesure d’adapter les interventions, d’anticiper, de diversifier, d’évaluer et donc de coordonner. Face à ces nouveaux besoins, nous avons donc fait évoluer à la fois les contenus, les modalités et le niveau du diplôme (niveau Bac+2) en l’inscrivant dans un parcours de formation permettant enfin aux professionnels du secteur d’envisager des évolutions de carrière.

Comment, selon vous, rendre plus attractif ce secteur qui peine à recruter ?

SG : À mon avis pour que ce secteur d’activité devienne plus attractif, il faut une reconnaissance des toutes ces professions au niveau de leurs rémunérations. Mais cela passe forcément par la formation. Il faut pouvoir recruter du personnel formé et qualifié pour pouvoir fournir des prestations professionnelles de qualité. Qui dit formation, dit diplôme et rémunération à sa juste valeur. L’accompagnement à domicile est devenu un réel métier. On ne peut plus faire cela sans formation, les compétences demandées sont trop importantes actuellement. On ne peut plus s’inventer auxiliaire de vie ou assistante de vie, une formation et indispensable pour acquérir les connaissances requises et un savoir être indispensable. Si nous redorons tous ses postes et si nous les rémunérons mieux, je pense que nous aurons plus de candidat(e).

AM : Même s’il est encore trop fréquent de recruter des aides à domicile sans formation pour pourvoir au déficit d’emploi du secteur et, dans le contexte actuel, pour répondre à l’urgence sanitaire, il est aujourd’hui vraiment nécessaire de s’appuyer sur des professionnels qualifiés et formés ayant des compétences transversales pour mieux répondre aux besoins des personnes âgées. Nous pensons donc que proposer un parcours de formation diplômant à ces professionnels dans un cadre institutionnel permettra de faire évoluer les métiers et les compétences afin d’améliorer à la fois la qualité des services rendus aux personnes accompagnées et la qualité de vie au travail des salariés. Nous souhaitons ainsi concourir à la structuration de la profession et à la valorisation des métiers de l’accompagnement du grand âge pour augmenter leur attractivité et contribuer à la diffusion d’une nouvelle image de ces métiers pour faire valoir leur sens et leur véritable utilité sociale, riches d’humanité et de gratifications.

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Sabine Giely est assistante de coordination au sein de Présence Verte Service, association d’aide à domicile dans le département de l’Hérault. Diplômée de la formation de Coordinateur(trice) du parcours de vie des personnes âgées dispensée par l’EPHE, elle nous fait découvrir son métier.

Anne Marcilhac, neurobiologiste, est maître de conférences habilitée à diriger des recherches (HDR) à l’École Pratique des Hautes Études. Ses recherches portent sur l’étude des mécanismes neurodégénératifs observés dans le cerveau lors du vieillissement cérébral ou des pathologies neurodégénératives associées. Elle dirige l’Institut Transdisciplinaire d’Étude du Vieillissement (ITEV).