Quel a été l’impact de cette crise sanitaire sur la vie des personnes âgées ? L’association « Les petits frères des Pauvres » donne un éclairage inédit et très complet avec la publication d’un premier bilan dans une enquête menée par CSA Research auprès de 1 502 personnes de plus 60 ans. Il en ressort que le confinement auquel certains ont été soumis a pu conduire à des situations d’isolement extrême.
Le quotidien des personnes âgées a été fortement impacté : 2,5 millions de personnes ne sont jamais sorties alors que selon cette étude, 96 % des personnes faisaient, avant le confinement, au moins une sortie hebdomadaire. Pendant le confinement, ce taux est tombé à 69 %, avec des conséquences sur la santé morale pour 41 % et physique pour 31 % des personnes âgées interrogées.
Si 90% déclarent qu’à l’occasion de cette période les liens familiaux se sont resserrés, environ 720 000 personnes, selon l’étude, n’ont eu aucun contact avec leur famille et 650 000 personnes âgées n’ont eu personne à qui se confier.
Le rapport des Petits frères des pauvres évoque également l’isolement numérique : si 52 % des internautes âgés ont participé à des groupes de conversation du type WhatsApp ou Messenger (dont 25 % des 85 ans et plus) et 59 % ont passé des appels visio, il demeure toujours quatre millions de seniors à ne pas toucher à internet.
Un retrait social qui n’est pas sans conséquences d’autant qu’à la date du 11 mai, 800 000 personnes déclaraient encore ne pas souhaiter quitter leur domicile.
Des séniors plutôt pessimistes pour demain
Face à l’avenir, ils ne sont qu’un tiers à penser que la situation sera meilleure en matière de solidarité après la crise. Et près d’un sur dix considère qu’elle pourrait être pire.
L’association, elle, souligne le rôle majeur joué par les collectivités locales, et notamment les CCAS, dans le repérage des besoins et l’aide d’urgence. Alors que les débats sur la prise en charge du cinquième risque s’engagent, les petits frères des Pauvres formulent de nombreuses propositions pour lutter contre l’isolement, à domicile comme en établissement, mais aussi pour changer de regard sur le grand âge, en cessant notamment de « considérer les aînés comme des personnes en incapacité décisionnelle ».
Jérôme Guedj, à qui le gouvernement a confié une mission dès le mois de mars, suggère notamment de lutter contre « l’invisibilité des personnes âgées dans la société », de soutenir le bénévolat et l’engagement citoyen, de développer l’accompagnement téléphonique social ou encore de lancer une stratégie pour « un numérique inclusif ».