Après la crise COVID, quelles solutions pour l’EHPAD de demain ?

Depuis 2020, la pandémie de COVID-19 a mis en exergue un certain nombre de limites que rencontrent les EHPAD pour assurer des soins et un accompagnement de qualité. L’Académie Nationale de Médecine publie un rapport pour comprendre leurs difficultés et élaborer des pistes pour le futur.

Dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, la situation sanitaire a servi de révélateur du manque de personnels (aide soignants et accompagnants de proximité) et de personnes qualifiés et formés. C’est une réalité dont témoignait notamment le documentaire « Vieillir enfermés » d’Eric Guéret, filmé durant la première vague de la pandémie et diffusé sur Arte début 2021. En effet, et comme le rappelle le rapport de l’Académie Nationale de Médecine, les EHPAD ont, depuis leur création au début des années 2000, connu une importante mutation. La population des EHPAD est ainsi devenue plus âgée, physiquement plus vulnérable et manque plus souvent d’autonomie décisionnelle (les maladies neuro-évolutives touchent plus de la moitié des résidents et constituent l’une des principales raisons d’entrée). Ce niveau de dépendance plus élevé impacte fortement les établissements que cela soit au niveau de la nécessité de continuité de sécurité des soins, du développement des Unités de Vie Protégées, de l’équipement des établissements pour accompagner la dépendance physique et de la nécessité d’avoir un personnel en nombre suffisant et suffisamment formé.

Un modèle actuel source d’insatisfactions

Dans son rapport, l’Académie Nationale de Médecine fait le constat de nombreuses difficultés dans les EHPAD accentuées par la pandémie et met en exergue le manque de personnel. Comme abordé précédemment, en 2019 81% des EHPAD déclaraient des vacances de postes avec un turn-over atteignant 15% sur le personnel récemment recruté. Mais la pandémie a aussi provoqué une panique dans les établissements menant ainsi à « une véritable maltraitance institutionnelle » : isolement strict, fonctionnement en vase clos sans contact avec les professionnels extérieurs (kiné, IDE, médecin) et les bénévoles. Le maintien de ces contraintes a notamment pu avoir des effets délétères sur les résidents ayant préalablement des troubles cognitifs menant même le Conseil d’État a juger l’interdiction d’aller et venir disproportionnée pour les EHPAD ayant vacciné la majorité de leurs résidents (ordonnance du 3 mars 2021). Ces mesures ont amené à une baisse de la qualité de vie des résidents ainsi qu’une détérioration de la relation famille/établissement. La pandémie a aussi mis en évidence les difficultés éthiques rencontrées par les établissements sur le plan des décisions de fin de vie ainsi que sur la question du consentement (à la vaccination notamment).

Des propositions pour améliorer la qualité des soins dans le futur

L’Académie Nationale de Médecine propose tout d’abord, de favoriser une approche plus domiciliaire auprès du résident pour renforcer la sensation de chez soi chez les résidents et ne pas réduire les EHPAD a un lieu de soin. Cette approche est celle également défendue par Fany Cérèse, docteure en architecture (retrouvez son interview). L’ANM défend également une revalorisation du personnel soignant « véritable pivots de la prise en charge » des résidents. Cette revalorisation passe par une meilleure identification des fonctions (pour éviter le glissement), une reconsidérations par les autres professionnels du secteur ainsi que les usagers et leur famille. Mais cette revalorisation passe aussi par une amélioration des processus de formation du personnel. Comme nous l’avons déjà souligné [lien], la formation est un élément de réponse à bon nombre de problématiques : technicité accrue qui permet une réduction des accidents du travail et des maladies professionnelles, prise de conscience des enjeux éthiques de l’accompagnement, meilleure sensibilisation aux troubles psycho-comportementaux, revalorisation de l’image du métier via des cursus dédiés, formation tout au long de la carrière… L’ANM propose aussi de faire évoluer le rôle du médecin coordinateur vers des compétences plus élargies (et donc une présence en établissement plus importante) et d’ouvrir les EHPAD vers les compétences extérieures pour parer à certaines carences dues notamment au manque de personnel qualifié (via la téléconsultation notamment).

On retrouve finalement dans le rapport de l’Académie Nationale de Médecine des constats et des préconisations confirmant les conclusions des principaux rapports publiés avant la pandémie (El Khomri 2019 ; Libault 2019), renforçant l’idée que, si la crise COVID a pu jouer un rôle de révélateur, les problématiques inhérentes au monde de l’EHPAD ne sont pas nouvelles, et nécessite une réforme profonde de leur fonctionnement, notamment sur le plan de la formation des professionnels.

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Dans le cadre de ses travaux sur le présent rapport, l’Académie Nationale de Médecine a auditionné l’ITEV sur le thème des besoins de formation en EHPAD.

Retrouvez le rapport dans son intégralité.