Aline Chamahian est sociologue spécialisée sur les questions relatives à la vieillesse et au vieillissement. Elle a débuté sa carrière universitaire à Lille comme maîtresse de conférences et la poursuis aujourd’hui à l’Université Aix-Marseille.
Pouvez vous nous présenter vos travaux ?
Aline Chamahian : Ancrés dans une sociologie compréhensive et qualitative, mes travaux portent sur l’expérience vécu du vieillissement. J’ai exploré différents objets de recherche : le rapport au logement des personnes vieillissantes et de leurs proches (avec Ségolène Petite), plusieurs programmes de recherche sur l’expérience de la maladie d’Alzheimer (programmes co-portés avec Vincent Caradec notamment), travaux structurants autour des enjeux de formation à l’heure de la retraite et au fil de l’âge : je m’intéresse ici à la fois à ce qui se joue du côté des personnes vieillissantes amenées à s’engager dans un processus de formation, mais aussi à mieux cerner les dynamiques qui se mettent en place autour des enjeux de formation au vieillissement (à la fois du côté des professionnels de l’accompagnement ou des familles). Rédactrice en chef de la revue Gérontologie et société jusqu’en 2019, je contribue actuellement à son comité de rédaction et je suis membre du bureau du réseau thématique 7 (Vieillesse, vieillissement, parcours de vie) de l’Association Française de Sociologie. Réseau que j’ai co-animé avec Isabelle Mallon, puis Veronika Kushtanina pendant 6 ans.
Pourquoi avoir accepté de rejoindre le Conseil de Direction de l’ITEV ?
A. C. : La rencontre avec l’ITEV et Anne Marcilhac s’est nouée autour d’un intérêt commun pour les enjeux de formation dans le domaine de la vieillesse et du vieillissement. Frappées par la dimension impensée de la formation pour répondre aux multiples enjeux soulevés par le vieillissement de la population, nous avons co-animé une table ronde dans le cadre du 6e Colloque International du Reiactis sur cette question et animé le groupe de travail « Education-Formation ». Cela a marqué le point de départ de nombreux échanges et collaborations qui m’ont conduit à accepter la proposition de rejoindre le Conseil de Direction de l’ITEV.
Qu’attendez-vous de ce mandat ?
A. C. : Ce mandat sera l’occasion de contribuer aux efforts de l’ITEV pour répondre aux besoins de formation dans un contexte de vieillissement : rendre compte des travaux en cours sur ces questions, valoriser ceux que l’ITEV a initié et financé, communiquer et publier sur ces résultats et les pistes qu’ils permettent d’ouvrir pour agir. Au-delà, il s’agit d’apporter le regard sociologique aux échanges qui animeront le comité de direction.
Quelles sont pour vous les priorités pour améliorer le bien vieillir en France ?
A. C. : Dans le prolongement de la réponse précédente, il me semble que l’une des priorités aujourd’hui est d’insister sur les enjeux relatifs à une prise au sérieux des dynamiques de formation dans un contexte de vieillissement. Ce qui ne va pas sans poser plusieurs questions : quels sens donner aux processus de formation tout au long de la vie, comment valoriser et promouvoir les métiers de l’accompagnement du grand âge, comment permettre aux personnes vieillissantes de préserver leur autonomie relationnelle, décisionnelle et fonctionnelle, comment soutenir les proches dans leur engagement auprès de leur conjoint ou parents âgés ? La formation est un enjeu crucial pour le bien vieillir, en France. Il importe aujourd’hui de revaloriser les métiers du grand âge, de spécialiser les professionnels sur les problématiques gériatriques et gérontologiques, de dé-diaboliser la vieillesse. La formation est un moyen de lutter contre de multiples formes d’âgisme et de socialiser les jeunes générations à une réalité qui touche l’ensemble de la population.
Comment l’ITEV peut-il être acteur de ce changement ?
A. C. : L’ITEV travaille à rendre visible les grands enjeux relatifs au vieillissement. Il communique autour d’eux, construit des partenariats et agit, notamment par le développement d’une offre de formation qui répond aux besoins des personnes et des territoires. Il importe, me semble-t-il, de poursuivre et soutenir l’institut dans ses missions fondatrices.